samedi 16 décembre 2023

Voyage avec Chris Fleurs

Les courses sont faites. J’espère que je n’ai rien oublié pour ne pas devoir y retourner. Il fait vraiment froid. J’ai le cappuccino, les pâtes, le Coca, les patates douces, le paprika, les noisettes et le chocolat. C’est lourd ! Vite, faites que l’ascenseur arrive et que je retrouve mon cocon si possible sans croiser personne ! Tiens, encore Bruno qui joue de la trompette dans son salon. D'ailleurs, trompette, saxo, Lisa Simpsons, vite je vais rater le début de l’épisode ! Quelqu’un arrive dans l’escalier. C’est Paul rivé sur son Iphone. Ne lève pas le regard s’il te plaît ! Après il faudra blablater, se parler du froid de l’hiver, des bruits des voisins. Bref faire semblant.

Il est beau Paul. Il sait faire Paul. Il est avec Léa depuis tant d’années. Ils s’aiment tant, ça déborde de leurs yeux. Quand on les croise, ils font tout bien, eux. Ils se tiennent parfois par la main. Je suis sûre qu’elle aime les fleurs Léa. Les roses. Elle doit connaître la symbolique de chaque couleur. Paul marche vite, il va arriver en bas avant l’ascenseur qui n’en finit pas de faire tous les étages. L’heure des conventions semble inévitable. Trouve une phrase originale. Vite ! Soit étonnante détonnante, pertinente. S'il me regarde, ce sera un signe, j’aurais tenu mon défi du jour, j’aurais parlé à quelqu’un. S'il m’ignore, le cocon, lui, me parlera. Ca va être fou, ça va être... 

« Bonsoir, madame Fleurs. Il fait froid hein cet hiver. Ils nous mentent avec leur réchauffement climatique. Ah ses politiques ! » Il prononce la dernière syllabe en ayant déjà franchi la porte d’entrée. Il n’attend pas que j’ouvre la bouche. L’ascenseur s’ouvre. Garde la tête haute Chris, c’est toi qui a raison. Ils sont nuls, les gens et en plus ils s’offrent des fleurs .

Mercredi 29/11/2023, Librairie Traits d'Union


Voyage chez Chris Fleurs

La porte de Chris Fleurs est une porte terne au bout d’un long couloir à moquette rouge. Quand on s’arrête devant sa porte, il y a toujours des effluves d'encens et de noisette. Si l’on y colle l’oreille, on entend parfois un léger rire cristallin parfois quelques notes de guitare. Si l’on colle un œil à l’œilleton, on voit souvent une jeune fille seule, au fond d’un canapé, enveloppée sous un plaid. Au sol des tapis duveteux.


Si l’on pousse la porte, une vague de chaleur nous envahit. Le sol est moelleux grâce à tous ces tapis. L’odeur de noisette et chocolat chaud vient directement réconforter nos narines. Chris Fleurs a peur du monde alors, au fil des ans, elle a créé son cocon chez elle. Tout est doux. Tout sent bon. L’hiver : fruits secs et patchouli. L’été, monoï et noix de coco.


Chris Fleurs aime sa solitude. Elle adore sa bulle qui la protège d’un monde auquel elle ne comprend rien. Depuis toute petite, elle n’a pas les codes elle n’est pas ce qu’on attend d’elle. D’ailleurs elle ne sait pas ce qu’on attend d’elle. Cela remonte même à sa naissance. Et oui Chris Fleurs n’aime pas les fleurs. Elle fait honte à sa famille, la célèbre famille Fleurs, fleuriste de mère en fille. Non vraiment, Chris fleurs n’aime pas les fleurs. Elles sont criardes, elles sentent fort et il faut faire semblant d’être heureuse quand on vous les offre. Il faut sourire. Il faut être docile face à la fleur. Elle aimerait, elle, qu'on lui offre des chocolats. Elle aimerait, elle, ne pas dire merci.



Mercredi 29/11/2023, Librairie Traits d'Union

Conte presque Malgache

Ecrire à partir d'un cadavre exquis

À Madagascar, à l’heure du déjeuner, un pepsis heros chevauche joyeusement une flûte brillante en tissant sa toile. Un pepsis heros, me dites-vous ? Oui, ce petit insecte aussi noir que du Pepsi, mais moins sucré que du Coca a toujours été un héros. Mais, revenons quelques jours en arrière.


En ce triste jour d’octobre, l’île de Madagascar était en deuil ; elle avait perdu sa plus grosse guêpe, son dernier espoir que la nature reprenne ses droits à cause de la folie des hommes. Les fleurs fanaient, les arbres toussaient et les animaux s’écroulaient. Seule la Grosse Guêpe avait survécu à toutes les fumées, à tous les bruits, à toutes les guerres. Mais, ce matin, Panache, le fils d’un prince malgache, avait vu la Grosse Guêpe s’approcher de lui et ses instincts violents s’étaient réveillés. Panache avait toujours été un enfant-roi, enfin un enfant-prince. Alors, il aimait torturer les êtres vivants les plus inoffensifs pour se sentir toujours plus fort et parce qu’il se savait intouchable. Panache avait attrapé la Grosse Guêpe, l'avait coincée entre ses doigts et lui avait arraché les ailes une par une. Il voulait qu’elle souffre jusqu’à ce qu’elle s’éteigne et Grosse Guêpe s’éteignit. Madagascar n’avait plus d'insecte. Madagascar était en deuil.


Après avoir séché sa dernière larme, Rosier, le fils du jardinier, crut voir dépasser un morceau de papier sous le râteau de son père. Il s’approcha et trouva un tout petit parchemin. Du haut de ses sept ans, il déchiffra péniblement : « Trouve la flûte, offre-la au soda volant, fais-lui tisser une toile et à nouveau l’espoir brillera comme une étoile ». Ni une ni deux, Rosier alla trouver son père le jardinier. Celui-ci était bien plus cultivé que le prince malgache alors il comprit tout de suite que le soda volant était un pepsis heros et que cet insecte serait le sauveur. Rosier et son père soulevèrent chaque motte de terre, inspectèrent chaque pétale (enfin ce qu’il en restait après la sécheresse) mais ils ne trouvèrent rien. Cependant, ils savaient. Ils savaient que le courage ce n’est pas de ne pas avoir peur, c’est d’avoir peur et de résister quand même. Alors, pendant trois jours et trois nuits, il cherchèrent. Au quatrième jour, à l’aube, Rosier entendit un tout petit bourdonnement sous une pierre. Il la souleva et, miracle,en sortit un peu petit pepsis heros, notre héros. Rosier courut à l’école du village et demanda à Madame Rossignol, la maîtresse, de lui prêter sa flûte. Il la lustra et posa le pepsi heros dessus. L'île était sauvée. La couleur allait revenir ! Tous les habitants, à l’heure du déjeuner, virent un pepsi heros chevauché joyeusement, une flûte brillante en tissant sa toile.


Mercredi 18/10/23, Librairie Traits d'union

Ecrire sur un objet important ; écrire sur son prénom

Mon alliance : je la porte depuis le 26 septembre 2015. C'est une bague qui me ressemble. Elle n'était pas vendue au rayon alliance....