Consigne : Incarner
un personnage du roman de Fred Vargas Pars vite et reviens tard qui
assiste à la criée de Joss.
Personnage
choisi : Lizbeth, ancienne prostituée hébergée gratuitement
en échange de tâches domestiques.
Après
avoir balayé le hall, Lizbeth devait finir rapidement de faire les
vitres du rez-de-chaussée. Elle aimait le travail bien fait et se
sentait toujours aussi redevable envers Décambrai. Cependant, elle
devait faire vite pour ne pas rater le début de la criée de Joss.
Pour nourrir tout son petit monde, elle devait gérer les finances
correctement. Il fallait s'adapter au goût de chacun, assaisonner
les plats juste assez pour satisfaire tout le monde. Elle enfila sa
petite robe rouge. Elle adorait cette robe qui mettait ses formes en
valeur sans la restreindre dans ses mouvements. De toute façon, elle
avait décidé de ne plus faire attention au regard des hommes. Elle
sortit vite de l'immeuble sans oublier d’épousseter le paillasson
au passage. En quelques minutes, elle avait atteint la place Edgar
Quinet. Elle avait marché d'un pas décidé, son panier au bras.
Comme prévu, dès son arrivée, elle dût ignorer un grand nombre de
regard sur sa poitrine généreuse. Son sourire lumineux et ses
intentions quotidiennes faisaient de Lisbeth une espèce de star
local et, au fond d'elle, elle y prenait goût. Elle s'installa à
l'ombre sous un arbre et dès que Joss ouvrit la bouche, elle dégaina
son stylo et son calepin. Aujourd'hui, la pêche aux bons plans fut
bonne. Elle avait noté une grosse promotion sur les pommes de terre
chez le fermier du coin et il proposait même un poulet à récupérer
à prix d'or. Ce soir, à la pension, on mangerait comme un
dimanche : purée et poulet juteux, de quoi réconforter son
petit monde dans cette atmosphère de plus en plus tendue.
Consigne 2 :
Le personnage choisi en rencontre d'autres dont l'inspecteur attablés
dans une brasserie
Lizbeth
était attablée au milieu du groupe masculin. Elle avait commandé
un mojito et le sirotait lentement. Elle ne voulait pas que l'alcool
lui monte à la tête. Elle sentait bien que le flic en face d'elle
n'avait déjà plus toute son objectivité et que le calva se buvait
ici comme du petit lait. Sur son calepin, tout à l'heure, au milieu
du prix des pommes de terre, elle avait noté quelques mots entendus
dans la bouche de cet étrange enquêteur. L'esprit vif de Lisbeth
était parfois lassé de ne servir qu'à agencer correctement des
légumes dans une assiette et cette enquête inattendue l'intéressait
donc beaucoup. Elle avait noté les mots « peste, chiffre,
porte et croyance ». Malgré le peu de livres qu'elle avait eu
l'occasion de lire, elle avait très envie d'aider ces messieurs.
Toute à la relecture de ses indices, Lizbeth sentit un regard se
poser sur elle. Elle tourna la tête et reconnut le jeune homme
qu'elle voyait souvent passer en rollers sur la place. Elle le
trouvait très beau mais son regard semblait rempli d'un tel vide que
cela ne l'intéressait pas. Elle avait bien trop l'habitude de ce
type d'hommes qui pensaient que leur physique pouvait tout leur
offrir. Cela dit, elle voyait bien que ce jeune sportif, si benêt
qu'il était, avait l'air d'avoir un cœur inversement proportionnel
à son cerveau. Peut-être que finalement elle lui cuisinerait
bientôt un bon petit plat.
Librairie
Traits d'Union
15/05/2024