samedi 22 juin 2024

Ecrire sur un objet important ; écrire sur son prénom

Mon alliance : je la porte depuis le 26 septembre 2015. C'est une bague qui me ressemble. Elle n'était pas vendue au rayon alliance. Elle n'a donc pas sa vraie fonction. Elle ne rentre pas dans une case. Elle brille. Elle aime donc se montrer présentable, jolie, agréable. Pourtant, elle est asymétrique, elle ne suit pas de chemin précis. A l'intérieur, il y a une minuscule gravure : le chiffre 5. Chiffre fort et magique comme notre date de début de couple : le 05/05/05. 




Cynthia est un prénom d'origine américaine. Mes parents n'ont aucune attirance pour ce pays ni aucun lien avec ce prénom. Je ne sais pas d'où leur est venue cette idée hormis le fait qu'ils en aimaient la sonorité et la rareté. En effet, je ne connais que peu de Cynthia à part la poupée toute cassée de la méchante Sophie dans les Razmokets. Je sais aussi que mes parents avaient envisagé Laura mais que mon papy Jojo trouvait ça moche. Il le singeait en disant Laura/le rat. D'ailleurs, bon anniversaire papy c'est le premier anniversaire que tu fêtes de ton nuage alors amuse-toi bien.


Librairie Traits d'Union

12/06/2024





Poème à la manière de Dormir de Raymond Carver

Elle a dormi chez son père, chez sa mère. chez sa mamie Yvonne et son papy Paul

Chez sa sœur à Nancy

Elle a dormi en camping,

A l'hôtel 3 étoiles ou pas d'étoiles

Elle a dormi dans la voiture

Dans le train

Dans son fauteuil, ne la touchez pas

Elle a dormi au cinéma

Devant la télé

Elle a dormi dans la petite chambre à Sainte-Catherine

Sur des terrasses de vacances

En plein soleil

A la plage

A présent elle dort dans son lit conjugal au cœur d'une famille cocon.

Librairie Traits d'Union

12/06/2024



Pars vite et reviens tard

Consigne : Incarner un personnage du roman de Fred Vargas Pars vite et reviens tard qui assiste à la criée de Joss.

Personnage choisi : Lizbeth, ancienne prostituée hébergée gratuitement en échange de tâches domestiques.


Après avoir balayé le hall, Lizbeth devait finir rapidement de faire les vitres du rez-de-chaussée. Elle aimait le travail bien fait et se sentait toujours aussi redevable envers Décambrai. Cependant, elle devait faire vite pour ne pas rater le début de la criée de Joss. Pour nourrir tout son petit monde, elle devait gérer les finances correctement. Il fallait s'adapter au goût de chacun, assaisonner les plats juste assez pour satisfaire tout le monde. Elle enfila sa petite robe rouge. Elle adorait cette robe qui mettait ses formes en valeur sans la restreindre dans ses mouvements. De toute façon, elle avait décidé de ne plus faire attention au regard des hommes. Elle sortit vite de l'immeuble sans oublier d’épousseter le paillasson au passage. En quelques minutes, elle avait atteint la place Edgar Quinet. Elle avait marché d'un pas décidé, son panier au bras. Comme prévu, dès son arrivée, elle dût ignorer un grand nombre de regard sur sa poitrine généreuse. Son sourire lumineux et ses intentions quotidiennes faisaient de Lisbeth une espèce de star local et, au fond d'elle, elle y prenait goût. Elle s'installa à l'ombre sous un arbre et dès que Joss ouvrit la bouche, elle dégaina son stylo et son calepin. Aujourd'hui, la pêche aux bons plans fut bonne. Elle avait noté une grosse promotion sur les pommes de terre chez le fermier du coin et il proposait même un poulet à récupérer à prix d'or. Ce soir, à la pension, on mangerait comme un dimanche : purée et poulet juteux, de quoi réconforter son petit monde dans cette atmosphère de plus en plus tendue.



Consigne 2 : Le personnage choisi en rencontre d'autres dont l'inspecteur attablés dans une brasserie



Lizbeth était attablée au milieu du groupe masculin. Elle avait commandé un mojito et le sirotait lentement. Elle ne voulait pas que l'alcool lui monte à la tête. Elle sentait bien que le flic en face d'elle n'avait déjà plus toute son objectivité et que le calva se buvait ici comme du petit lait. Sur son calepin, tout à l'heure, au milieu du prix des pommes de terre, elle avait noté quelques mots entendus dans la bouche de cet étrange enquêteur. L'esprit vif de Lisbeth était parfois lassé de ne servir qu'à agencer correctement des légumes dans une assiette et cette enquête inattendue l'intéressait donc beaucoup. Elle avait noté les mots « peste, chiffre, porte et croyance ». Malgré le peu de livres qu'elle avait eu l'occasion de lire, elle avait très envie d'aider ces messieurs. Toute à la relecture de ses indices, Lizbeth sentit un regard se poser sur elle. Elle tourna la tête et reconnut le jeune homme qu'elle voyait souvent passer en rollers sur la place. Elle le trouvait très beau mais son regard semblait rempli d'un tel vide que cela ne l'intéressait pas. Elle avait bien trop l'habitude de ce type d'hommes qui pensaient que leur physique pouvait tout leur offrir. Cela dit, elle voyait bien que ce jeune sportif, si benêt qu'il était, avait l'air d'avoir un cœur inversement proportionnel à son cerveau. Peut-être que finalement elle lui cuisinerait bientôt un bon petit plat.


Librairie Traits d'Union

15/05/2024

Dis moi ce que tu lis

 Si je remonte le fil de ma mémoire littéraire, je vois des albums de Martine transmis surtout par ma maman. Je me souviens surtout de Martine petite maman que je relisais si souvent et qui me faisait rêver d'être à sa place. Plus tard, je le relirais à voix haute dans ma chambre d'ado à des élèves fictifs avec application et en montrant les images. Aujourd'hui, je n'oserais pas le lire par peur que mes valeurs d'adultes féministes ne viennent l'abîmer.

Plus tard, les romans de Marie-Aude Murail guidèrent mon adolescence. Je les empruntais à la MLIS de Villeurbanne. Oh Boy et Simple m'ont ouvert l'esprit sur des sujets graves et importants. J'écrirais d'ailleurs mon mémoire de licence au sujet de cette autrice.

Si l'on continue d'appuyer sur la touche avance rapide, me voilà à dévorer tous les romans prêtés par mon père. Romans absurdes et poétiques qui ont forgé ma vision du monde. Je me souviens des titres et des sensations plus que des récits. Le pays des tomates plates, Le libraire, Ipso facto. Mon père cite souvent la phrase d'Eluard « La terre est bleue comme une orange ». Cette phrase m'a beaucoup fait relativiser la vie et le surréalisme m'a beaucoup aidée.

Au lycée, en toute logique, j'ai dévoré L'écume des jours. Le pianocktail et autres inventions ont ouvert mon univers. Continuons le film de ma vie littéraire. Mon mari m'a offert, il y a quelques années, sur le conseil d'un libraire, le roman de Gilles Marchand Une bouche sans personne. Depuis, Boris Vian, j'avais dévoré aussi tous les livres de Mathias Malzieu qui m'évoquaient toutes les sensations perdues depuis L'écume des jours. J'ai retrouvé cela chez Gilles Marchand avec ses thématiques graves mais son monde onirique et ses écharpes en cage. Mais, voilà déjà la fin de ce voyage dans mon monde et je n'ai pas encore évoqué LE livre. Le livre fondateur. Mon point de départ, mon socle : L'éternelle spectatrice. Qui pourrait avoir la fierté d'être l'héroïne d'un récit ? Mon artiste de père m'a offert cet hommage lors de ma huitième année même si ce n'est que bien plus tard que ma maturité m'en ouvrirait l'entière compréhension. Mon père avait couché ses émotions sur le début de ma vie mais aussi la recherche de diagnostic de ma maladie et avait fait publier cela. A vie, notre parcours serait gravé. A vie, je serai son éternelle spectatrice. plus tard, d'ailleurs, Caroline et moi jouerions dans la pièce qu'il avait créée en nous imaginant dedans : La planète tordue. Aujourd'hui, ce sont mes élèves qui jouent ses textes écrits sur mesure. La boucle est bouclée.


Librairie Traits d'Union

03/04/2024

Ecrire sur un objet important ; écrire sur son prénom

Mon alliance : je la porte depuis le 26 septembre 2015. C'est une bague qui me ressemble. Elle n'était pas vendue au rayon alliance....