samedi 22 juin 2024

Dis moi ce que tu lis

 Si je remonte le fil de ma mémoire littéraire, je vois des albums de Martine transmis surtout par ma maman. Je me souviens surtout de Martine petite maman que je relisais si souvent et qui me faisait rêver d'être à sa place. Plus tard, je le relirais à voix haute dans ma chambre d'ado à des élèves fictifs avec application et en montrant les images. Aujourd'hui, je n'oserais pas le lire par peur que mes valeurs d'adultes féministes ne viennent l'abîmer.

Plus tard, les romans de Marie-Aude Murail guidèrent mon adolescence. Je les empruntais à la MLIS de Villeurbanne. Oh Boy et Simple m'ont ouvert l'esprit sur des sujets graves et importants. J'écrirais d'ailleurs mon mémoire de licence au sujet de cette autrice.

Si l'on continue d'appuyer sur la touche avance rapide, me voilà à dévorer tous les romans prêtés par mon père. Romans absurdes et poétiques qui ont forgé ma vision du monde. Je me souviens des titres et des sensations plus que des récits. Le pays des tomates plates, Le libraire, Ipso facto. Mon père cite souvent la phrase d'Eluard « La terre est bleue comme une orange ». Cette phrase m'a beaucoup fait relativiser la vie et le surréalisme m'a beaucoup aidée.

Au lycée, en toute logique, j'ai dévoré L'écume des jours. Le pianocktail et autres inventions ont ouvert mon univers. Continuons le film de ma vie littéraire. Mon mari m'a offert, il y a quelques années, sur le conseil d'un libraire, le roman de Gilles Marchand Une bouche sans personne. Depuis, Boris Vian, j'avais dévoré aussi tous les livres de Mathias Malzieu qui m'évoquaient toutes les sensations perdues depuis L'écume des jours. J'ai retrouvé cela chez Gilles Marchand avec ses thématiques graves mais son monde onirique et ses écharpes en cage. Mais, voilà déjà la fin de ce voyage dans mon monde et je n'ai pas encore évoqué LE livre. Le livre fondateur. Mon point de départ, mon socle : L'éternelle spectatrice. Qui pourrait avoir la fierté d'être l'héroïne d'un récit ? Mon artiste de père m'a offert cet hommage lors de ma huitième année même si ce n'est que bien plus tard que ma maturité m'en ouvrirait l'entière compréhension. Mon père avait couché ses émotions sur le début de ma vie mais aussi la recherche de diagnostic de ma maladie et avait fait publier cela. A vie, notre parcours serait gravé. A vie, je serai son éternelle spectatrice. plus tard, d'ailleurs, Caroline et moi jouerions dans la pièce qu'il avait créée en nous imaginant dedans : La planète tordue. Aujourd'hui, ce sont mes élèves qui jouent ses textes écrits sur mesure. La boucle est bouclée.


Librairie Traits d'Union

03/04/2024

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ecrire sur un objet important ; écrire sur son prénom

Mon alliance : je la porte depuis le 26 septembre 2015. C'est une bague qui me ressemble. Elle n'était pas vendue au rayon alliance....